Orléans Stories

Pour commencer, sachez que je suis un grand fan d’Orléans. J’ai toutes les extensions, les goodies, j’ai réalisé un livret d’aides de jeux que vous pourrez télécharger plus bas. Bref, Orléans fait partie de mes jeux préférés.

C’est donc avec hâte que j’attendais Orléans Stories en boutique, les étoiles plein les yeux. Je n’ai lu aucun commentaire, je ne savais pas ce que cette version proposait en dehors de 2 scénarios, aucune idée des différences apportées… J’étais vierge de toute influence extérieures en dehors… que… j’adore le jeu de base.

Une précision concernant les photos à venir : elles montrent du contenu non inclus dans la boite d’Orléans Stories : il s’agit d’un remplacement de certains éléments fournis par des pions du fan kit d’Orléans et d’autres matériels (sac de couleurs et bâtiment village).

Orléans, à l’origine.

Je vais vous faire une présentation rapide du jeu Orléans, premier du nom. Orléans est la capitale de la région Centre-Val de Loire. Au Vème siècle, c’était la capitale de la France quand même, et oui !

Sorti en 2014 édité par DLP Games et distribué par Matagot en France, Orléans est un jeu de Bag Building (comme les deckbuildings où on « construit » son paquet de cartes en main mais avec des pions). Le joueur pioche un certain nombre de jetons personnages dans son sac personnel, qu’il va ensuite placer sur des actions de son plateau ou sur ses lieux acquis.

Ces lieux nécessitent généralement 1 ou 2 personnages de couleur définie pour être activées et permettre déplacement, construction, enrôlement… Ainsi, on peut notamment récupérer de nouveaux jetons personnages qui viennent rejoindre ceux du sac. On adapte ses chances de tirage selon sa stratégie. On peut aussi retirer définitivement des jetons personnages sur un plateau spécial (contre récompenses) pour fluidifier son deck, pardon… son sac.

Et si vous habitez le centre de la France, vous retrouverez sur le plateau de jeu d’Orléans des villes/villages connus : Bourges, le Blanc, Saint-mant-montrond…. Si ça ne vous dis rien, vous avez le droit d’y jouer quand même.

Orléans premier du nom

Le jeu de base est très bien mais souffre d’une piste de développement trop importante pour ne pas pouvoir l’écarter de sa stratégie. Une importance corrigée avec les extensions par l’ajout d’autres moteurs de points. À ce sujet, je vous invite à lire l’article de Grovast sur Ludovox.

Les 2 extensions sont très bien. Invasion propose un mode Coop excellent pour un jeu de gestion et d’autres modules. Commerces & Intrigues ajoute de l’interaction agressive avec les joueurs et d’autres mécaniques de points.

Livret d’aide de jeux d’Orléans (1er du nom)

Comme promis, voici l’aide de jeux réalisée reprenant la description de tous les lieux du jeu de base, des extensions, les goodies ainsi qu’une FAQ, des variantes et aides de mises en place. Soit, un livret de 16 pages que vous pouvez télécharger [ ici ]. Je vous avais prévenu, je suis un fan :)

Orléans et Orléans Stories, réédition, extensions, nouveau jeu ?

Si certains me demandent mon avis (vous êtes en train de le lire de toute façon, c’est tout comme), je ne vois pas, à mon humble avis, l’intérêt de découvrir Stories si vous ne connaissez pas le jeu de base.

Bien qu’il s’agisse d’un stand Alone (pas besoin d’une autre boite pour jouer), je considère Stories comme une très-très-grosse-grosse extension. Pour les mêmes raisons, il serait dommage de se lancer dans Pandemie Légacy en n’ayant jamais joué à Pandemie classique et savoir si la base du jeu vous plait.

Les boites d’Orleans Stories et d’Orléans

Si vous n’aimez pas Orléans, aucune raison que Stories vous plaise et vous pouvez passer votre chemin et lire un autre article plus intéressant.

Ouverture de boite

Je me suis attablé, avec impatience, autour de cette nouvelle boite, le soir même de l’achat pour étudier le contenu et les règles. Une ouverture de boite qui est à l’origine de plusieurs remarques : 

  • le jeu est cher… 75€. Pourtant, il n’y a pas tant de contenu que ça : une fois le jeu dépunché et les jetons rangés, il y a du vide. Alors ce vide est là pour accueillir les scénarios à venir mais tout de même… 75€.
    Je me souviens il y a 11 ans quand j’hésitais durant des semaines à acheter ma boite de Space Hulk v3 à 80€ avec toutes les belles figurines à gogo, les plateaux épais, les jetons à foison… Alors oui, c’était il y a 11 ans mais quand même ! Le contenu de Stories n’a rien d’exceptionnel pour son prix.
  • Je m’attendais justement, vu le prix, à avoir du matériel amélioré directement. Le dos de la boite, très sommaire, ne montre aucun visuel. La liste du contenu ne permet pas de se rendre compte du matériel, or justement :
    – les pions en bois que l’on peut acheter en plus pour améliorer Orléans de base sont absents. Je vous les recommande vivement. Ils viennent remplacer les petits jetons en cartons qui s’usent et sont peu visibles sur le plateau,
    – des sacs de couleurs ou avec une cordelette de couleurs auraient été les bienvenus d’origine pour éviter des inversions entre deux joueurs
    – des marqueurs pour les villages n’auraient pas été de trop pour mieux les repérer et ne pas les confondre en cours de partie avec les champs de blé, de même couleur
Le thermoformage avec de nombreux compartiments.
Notez la présence de nouvelles ressources : le pain et le poisson

Si vous avez justement acheté le kit de jetons en bois pour les personnages dont je vous parle, sachez que Stories en demande un de plus ! Oui, tous les jetons combinés, ceux de couleurs ou ceux du 5ème joueur d’Orléans, on arrive à 17. Mais Stories en demande 18. C’est sournois…

Les pions rouages et les pions paysans en carton dans les boites d’Orléans.
Les pions en bois nécessitent l’achat du fan kit

Les lois du royaume

Les règles sont assez rapides à lire, surtout quand vous connaissez le jeu de base puisque la mécanique du bag building est la même. Mais il vaudra mieux prévoir du temps pour expliquer à chaque joueur, déjà accro à Orléans ou non, les spécificités du scénario joué. Compter pour cela au moins 20 mn minimum, ce qui commence à faire long avec les règles de base et l’installation (prévoir une grande table) avant de se mettre à jouer.

À la place de la carte de la ville d’Orléans et de ses environs du jeu de base, on découvre un plateau territoire. Aucun détail et de noms de ville sur celui-ci (bye bye les nom des villes françaises…).

Le plateau de Stories en configuration 4 joueurs sans les pions possessions, (il n’est déjà pas évident de différencier les villages des champs de blés

Dans ces zones de production (placées aléatoirement), les joueurs vont s’installer pour produire des ressources, construire des villages, y placer des églises, des forts… Et qui dit « fort », dit « protection » et qui dit « protection » dit « baston ». Stories ajoute en effet une partie conquête de zones à son fonctionnement. 

Le plateau des ressources disponibles, que l’on complète en cours de partie selon le scénario

Stories apporte surtout un mode “histoire” avec 2 scénarios rejouables dans la boite (ce n’est pas un legacy) et du matériel différent selon les scénarios. Dans le premier, “Le premier royaume”, les joueurs font faire progresser leur village de départ à travers 8 époques. Dans le second scénario, « la faveur du roi », auquel je n’ai pas joué, chaque période demande aux joueurs de fournir des ressources ou servir le roi.

Chaque histoire fournit un livret bien réalisé (1 par joueur) qui présente chaque époque et l’évolution du jeu pour pouvoir se préparer à l’avance.

Je trouve toujours dommage que les jeux ne fournissent pas de glossaire aux règles comme peuvent le faire les derniers jeux Edge : un lexique pratique pour retrouver des points de règles et gagner du temps.

La partie commence…

Nous sommes partis sur le scénario “Le premier royaume”, affiché plus long (2h) que le second “La faveur du roi” (1h30). Il me paraissait plus logique pour respecter une évolution de commencer par la création du royaume que par le moment où le roi est déjà en place, même s’il n’y a pas vraiment de continuité pour le jeu. 

Orléans Stories prend de la place

Dans le nouveau royaume, il y a 8 périodes différentes avec des changements propres : nouvelles tuiles lieux, nouvelles ressources disponibles, accès ou non à certains actions…. Les joueurs ne changeront pas d’époque au même moment, il faudra remplir les conditions pour cela.
La victoire se joue quand un joueur a accompli toute une liste d’éléments à fournir même s’il n’a pas atteint la dernière époque.

Le plateau des 8 périodes du scénario « un nouveau royaume »

Selon l’époque, vous débloquerez de nouveaux bâtiments et pions. Pas de chevalier par exemple avant l’époque IV, et donc pas d’attaque non plus car cette action agressive nécessite de disposer de ces jetons personnage précisément. Les moines, qui servent de joker, n’arrivent qu’à la Vème période. La construction d’église n’est possible que lorsqu’un joueur a atteint l’avant dernière période…

Le plateau des zones en cours de partie (l’époque des forts et celle des églises n’ont pas été atteintes encore).
NB : les maisons ne sont pas fournies de base : c’est un repère bien utile pourtant pour compter rapidement le nombre de villages sans les confondre avec les champs de blés.

Les ressources sont très limitées. Il est primordial de ne pas sacrifier certaines ressources qui deviendront indispensables par la suite et difficiles à récupérer. Le livret du scénario est consultable à n’importe quel moment pour prévoir les réapprovisionnements et risques de pénuries en cours de partie.

…et la partie ne se termine pas

C’est long… Le manque de ressource ralentit considérablement le jeu. Les ressources utilisées par les joueurs ne redeviennent pas disponibles mais sont retirées du jeu. Il faut parfois attendre 2 périodes de plus pour en retrouver (que cette étape soit franchie par soi-même ou un autre joueur).

De plus, quelques actions consistent à faire des échanges de ressources (peu importe leur valeur) avec un joueur ou encore de retirer un jeton personnage sur une action d’un autre joueur… sans lui demander son accord. Voilà de quoi freiner son développement sur un ou plusieurs tours. La partie peut devenir interminable…

La partie s’arrêtera là…

Même si un tour de jeu reste fluide et rapide, progresser prend du temps. Selon les époques, on pioche plus ou moins de pions personnage (7, 5, 4…). Or, avec 4 personnages par tour, on avance forcément beaucoup moins vite.

Que Stories soit plus long par son mode histoire qu’Orléans, ce n’est pas étonnant. Mais au bout de 3h30, à 4 joueurs, nous étions encore loin de pouvoir finir. Même sans agression, une autre heure n’aurait pas suffit.

À 2h du matin, nous avons d’un commun accord, décidé d’arrêter la partie en cours. Et cela, sans aucune envie de poursuivre plus tard, de refaire une partie une autre fois ou même de découvrir l’autre scénario (qui souffrirait des mêmes longueurs). Depuis des années que je joue régulièrement à des jeux de société, arrêter une partie en cours d’un jeu de développement se compte sur les orteils d’un pied.

Ma plus grosse déception ludique

Orléans de base est très bien et suffit à lui même. Avec Stories, j’ai rarement été aussi déçu par un jeu. Je m’attendais à un chef d’oeuvre avec l’ajout de ce mode histoire, sa grosse boite, son prix (une version deluxe directement)… Tant de déception donc. Je ne savais pas à quoi m’attendre précisément, j’espérais peut être un mode histoire à plusieurs embranchements à la façon d’horreur à Arkham JCE ou v3, de la coopération entre les joueurs tout en conservant une compétition, des choix à prendre dans le déroulement de l’histoire… 

La version coop de l’extension Intrigue du jeu de base est tellement une réussite que cela DEVAIT se retrouver dans Stories. Mais non, les objectifs communs sont pratiquement absents. Peut être que des scénarios futurs apporteront cela mais ce n’est pas le cas des 2 premiers.

J’ai pu regarder les commentaires d’autres joueurs sur le web, je retrouve les mêmes impressions et vu les prix d’Orléans Stories bien bradés sur les sites de vente d’occasion, ça ne sent pas bon.

Vu son prix d’achat neuf et la place que prend cette grosse boite, je ne compte pas attendre de nouveaux scénarios de Stories. Je vais vite me retrouver à Orléans classique pour oublier cette mauvaise histoire.

Le thermoformage pour ranger plein de pions et qui se ferment bien
Orléans Stories m’a donné envie de rejouer encore beaucoup à Orléans de base
Le prix
La longueur des parties
L’absence de pions en bois, sacs de couleurs…
Le mode histoire linéaire et sans surprise

Auteur :Reiner Stockhausen
Illustrateur :KLEMENS Franz
Éditeur : dlp games
Nombre de joueurs :de 2 à 4 joueurs
Âge :à partir de 12 ans
Durée d’une partie :ah-ah, c’est marqué 120mn sur la boite mais ça doit être par joueurs ?
Prix :75 euros
 
Score ludique 2
2
Rédigé par
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