Takenoko – Un panda dans mon potager

D’Antoine Bauza illustré par Nicolas Fructus, Joel Piksel et Yuio chez Bombyx et Matagot.
Pour 2 à 4 jardiniers de 8 ans et plus, pour 45 minutes de bambous, d’irrigation et de petits coups de panda dans le dos.

Vous êtes à l’époque médiévale et l’Empereur du Japon vient de recevoir de la Chine, un grand panda. Le sort de l’animal, symbole de paix entre ces deux grands empires, est très important. Il faut en prendre soin en lui apportant tout le confort dont il a besoin. En tant que jardinier au service de l’Empereur, votre délicate mission est de veiller au bien-être de l’animal en lui aménageant une bambouseraie. Mais attention, le panda est glouton et votre travail sera ardu !

Pour remplir pleinement votre mission et recueillir les faveurs de l’empereur, vous devrez cultiver des parcelles de terrain, les irriguer et y faire pousser du bambou. Chaque joueur aura le choix entre ces différentes actions tout en respectant les volontés de l’empereur, symbolisés par les cartes objectifs.
Les objectifs sont variés. Par exemple, planter des parcelles dans une configuration précise, faire pousser assez de bambous d’une ou plusieurs sortes, s’assurer que le repas du panda est été composé de X sections de bambous de couleurs précises.
Par ailleurs, vous devrez également garder un œil sur le panda, locataire des jardins impériaux, qui ne pense qu’à manger. De plus, la météo jouera un rôle majeur dans votre progression. Matérialisés par un dé, les effets de la météo (soleil, pluie, vent, foudre et nuage) sont multiples et variés mais vous donneront toujours un petit coup de pouce.
Ensuite, dès qu’un joueur parviens à remplir un nombre d’objectifs défini en fonction du nombre de joueurs, la fin de partie arrive.
On joue encore un tour et celui qui a le plus de points grâce à ses cartes objectif et ses bonus est déclaré grand vainqueur.

Antoine Bauza est l’un des auteurs les plus influents du jeu de société contemporain. Il s’est fait connaître en 2008 avec Ghost Stories, un jeu coopératif redoutable qui l’a propulsé sur le devant de la scène. Depuis, il a conçu plus de 200 jeux ou extensions, dont les très célèbres 7 Wonders, Hanabi, Tokaido, Takenoko ou encore Draftosaurus. Il a remporté de nombreux prix, dont le Spiel des Jahres en 2013 pour Hanabi et l’As d’Or – Jeu de l’année en 2011 pour 7 Wonders.

On va s’attarder sur Nicolas Fructus, illustrateur et directeur artistique français au parcours riche : formé aux Beaux-Arts, il a travaillé chez Möbius Production et dans le jeu vidéo (notamment sur Dune chez Cryo) avant de se tourner vers la bande dessinée et l’illustration. Dans le monde du jeu de société, son œuvre la plus emblématique reste Takenoko, dont l’univers visuel zen, coloré et délicat a fortement contribué à son succès mondial. Il a également signé ou co-signé les visuels de jeux marquants comme Mister Jack Deluxe, Kemet – Blood and Sand, Mythic Battles: Pantheon, Claustrophobia 1643, Cyclades: Titans ou encore Conan.

Takenoko m’a surpris. Sous ses airs de jeu mignon, rond et pastel, il cache une vraie exigence. On croit jardiner tranquillement, on finit par transpirer à poser une tuile bien orientée, espérer une irrigation au bon moment, et prier pour que le panda ne vienne pas tout foutre en l’air. Le jeu est beau, fluide, plaisant à manipuler, mais derrière cette douceur, il faut réfléchir, anticiper, optimiser. Certains objectifs sont clairement plus simples que d’autres, ce qui peut déséquilibrer une partie sans qu’on l’ait vu venir. Le dé météo, lui, ajoute une part d’aléatoire pas toujours bienvenue : parfois il ouvre une opportunité, parfois il gâche ton plan sans sommation. Et puis il y a ce rythme étrange : les premiers tours sont contemplatifs, calmes, et soudain quelqu’un déclenche la fin de partie sans qu’on l’ait senti venir. Résultat : j’ai souvent eu l’impression de jouer à un jeu plus exigeant qu’il n’y paraît, un peu piégeux dans sa structure. Ce n’est pas un défaut, mais il faut le savoir : Takenoko, c’est un jeu qui se mérite. Et malgré tout, j’y reviens, justement parce que cette tension douce m’intrigue. Un jeu agréable, malin, plus retors qu’il n’en a l’air, qui ne pardonne pas toujours, mais qui donne envie d’y retourner pour mieux le dompter.

Le jeu de base a connu un joli succès, ce qui a naturellement donné lieu à quelques compléments :

Takenoko: Chibis (2015)
Une seule vraie extension officielle. Elle ajoute Madame Panda (oui, il a trouvé l’amour) ainsi que ses bébés — de petites figurines trop mignonnes. Cela introduit de nouveaux objectifs, des parcelles spéciales et un peu plus d’interactions. L’ensemble enrichit le jeu sans le dénaturer, mais ajoute aussi un peu de complexité dans la gestion des objectifs.

Takenoko Collector’s Edition (2024)
Une version géante, avec figurines surdimensionnées, boîte énorme et matériel luxueux. Beau, très cher, totalement inutile sauf pour les fans ultimes ou les ludothèques qui aiment exposer du beau carton.

Takenoko Oyako (2025)
Nouvelle édition familiale. L’objectif d’Antoine Bauza était de revoir certains points de règles qui ne lui convenaient plus vraiment, après plusieurs années de parties.

Dans le même environnement que Takenoko, il existe aussi le jeu Takenokolor (sorti en 2024) :
Dans Takenokolor, vous faites vos débuts en tant que jardinier. Vous devez développer votre bambouseraie, créer des points d’eau, et attirer poissons et coccinelles pour faire de votre jardin un petit coin de paradis paradis resplendissant de couleurs.
À chaque tour, un joueur lance quatre crayons – vert, jaune, rose et bleu – puis en choisit un. Les autres joueurs choisissent l’un des crayons restants à tour de rôle, puis tous les joueurs colorient simultanément leur feuille, une section de bambou correspondant à la même couleur et au même symbole que symbole de l’anneau de crayon qu’ils ont choisi : cercle, carré ou triangle.

(Merci à Yann de Bombyx d’avoir corrigé les quelques coquilles du post !)

 
Score Ludique 15

Takenoko cache un vrai jeu de planification, exigeant sans en avoir l’air

15
Rédigé par
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