Six manches pour récolter, étudier, concocter et servir au nez et à la barbe de tes rivaux.
Des actions programmées en secret, révélées au moment critique, pour rafler ingrédients et clients.
Dans Les Potions d’Azerlande, le bon ordre au bon moment fait toute la différence… et toute la saveur.
Les Potions d’Azerlande est illustré par Andrew Bosley, connu pour son travail sur Everdell, Tapestry ou encore Merchants of the Dark Road. Sa patte visuelle est immédiatement reconnaissable : des décors soignés, une lumière travaillée, des personnages expressifs.

Programmation, priorités et potions : le cœur du chaudron
Les Potions d’Azerlande met les joueurs dans la peau d’apothicaires venus participer à un festival magique. La mécanique centrale repose sur la programmation d’actions simultanées : chacun choisit secrètement une action et une priorité, puis tout est révélé au même moment. Cette double dimension — action + ordre d’exécution — apporte une tension constante et oblige à anticiper non seulement ses besoins, mais aussi les intentions des adversaires.
Autre élément marquant : le dilemme “boire ou vendre”. Chaque potion concoctée peut être utilisée pour booster temporairement ses capacités ou vendue pour engranger des points et de l’or. Les effets varient selon le niveau d’étude du joueur, une progression qui s’installe au fil de la partie et modifie les choix tactiques.
En six manches, le jeu combine gestion, lecture des autres et optimisation fine, le tout relevé par des objectifs journaliers qui brisent les automatismes. C’est cette combinaison — simplicité d’accès et profondeur stratégique — qui rend Azerlande aussi accessible aux curieux qu’aux amateurs de contrôle et d’anticipation.

Un festival en 4 phases bien réglées
Une partie se joue en 6 manches, chacune divisée en 4 phases : Mise à jour, Ordonnancement des priorités, Boire des potions, puis Exécuter les actions. À la fin de la 6e manche, on compte le Prestige et la/le mieux classé·e l’emporte.
- Ordonnancer ses priorités. Chaque joueur·euse place ses 5 tuiles de priorité dans un rail face cachée, une par action, de gauche à droite. Les chiffres plus bas donnent une meilleure priorité (on joue avant les autres et/ou on obtient de meilleurs bénéfices relatifs). Si on ne veut pas faire une action, on peut montrer la pièce dans la fenêtre du rail pour gagner de l’or à la place (“faire des petits boulots en ville”).
- Exécuter les actions. On résout de gauche à droite sur le rail en commençant par Récolter (Forage), puis Étudier, Marché, Brasser (Brew) et Servir (Fulfill). L’ordre d’exécution pour chaque action suit la priorité la plus basse vers la plus haute. En cas d’égalité, on tranche par l’ordre des chaudrons puis on échange certains chaudrons entre joueurs impliqués.
- Récolter : on lance des dés Ingrédient pour gagner des ressources.
- Étudier : on monte sur ses pistes d’Étude (détermine les effets qu’on peut activer en phase 3).
- Marché : on achète des cartes Marché (first come, first served).
- Brasser : on dépense des ingrédients pour fabriquer des potions.
- Servir : on remplit des commandes de Visiteurs pour gagner or/bonus/Prestige.
(L’impact exact de chaque action dépend du nombre de joueurs ; Marché et Servir sont à l’initiative — premier arrivé, premier servi.)
Fin de partie. Après la 6e manche, on ajoute les bonus de fin (certaines cartes, 1 Prestige/2 or, 1 Prestige/2 apprentis, 2 Prestige/potion restante ; ingrédients inutilisés ne valent rien). Égalité : on départage à l’ordre des chaudrons.

Les Potions d’Azerlande séduit dès l’ouverture de la boîte : matériel soigné, illustrations superbes d’Andrew Bosley, plateau clair et immersif. Mais le vrai bijou, c’est la mécanique du rail de priorités. On choisit, on hésite, on refait, on doute… et on savoure chaque révélation. C’est un système qui oblige à réfléchir à la fois à son propre plan et à celui des autres, créant une tension fine et constante.
Le jeu tourne autour de dilemmes simples mais efficaces : boire ses potions pour se renforcer immédiatement ou les vendre pour engranger du prestige. À cela s’ajoutent les objectifs journaliers, qui orientent subtilement les stratégies sans les figer.
Pour moi, la mécanique fonctionne à merveille, mais je comprends que certains la trouvent trop cadrée. Deux actions — récolter et servir — concentrent beaucoup d’importance, les autres étant plus contextuelles. Pour certains, cela rend le jeu un peu répétitif au fil des six manches.
Pour d’autres — et j’en fais partie —, cette répétition est synonyme de maîtrise : on affine ses choix, on tente de surprendre, on se délecte des petits coups d’avance. La redondance devient une tension prévisible, mais jamais ennuyeuse.
Les Potions d’Azerlande, c’est donc un jeu où l’on prend plaisir à programmer, observer, ajuster… et savourer la satisfaction d’un plan parfaitement exécuté.
Points forts | Points faibles |
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Mécanique de priorités originale et brillante, qui fait réfléchir à chaque manche | Importance disproportionnée de deux actions clés (récolter et servir) |
Matériel de qualité et illustrations immersives d’Andrew Bosley | Actions secondaires parfois peu attractives |
Dilemme constant entre boire ou vendre ses potions | Peut paraître répétitif pour certains joueurs au fil des 6 manches |
Objectifs journaliers qui ajoutent un piment stratégique | Quelques coquilles dans les règles qui peuvent prêter à confusion |
Règles claires, mise en place rapide, parties tendues | |
Courbe d’apprentissage pour bien maîtriser la lecture des priorités |
Les Potions D’Azerlande
Caractéristique | Détail |
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Nom du jeu | Les Potions d’Azerlande |
Auteur | Grayden Baker |
Illustrateur | Andrew Bosley |
Éditeur | Lucky Duck Games |
Nombre de joueurs | 1 à 4 |
Âge recommandé | 14 ans et + |
Durée d’une partie | 60 à 90 minutes |
Mécaniques principales | Programmation simultanée, gestion d’ingrédients, optimisation, dilemmes tactiques |
Prix moyen constaté | 38 € |