Un duel champêtre, deux manches serrées, et au final un seul gagnant : l’autre repart avec le bourdon, mais sans miel.

Alexandre Droit, déjà croisé chez nous avec Attrape Rêves, c’est le spécialiste des règles courtes et des choix tendus. Il a aussi créé Hiroba et Secret Identity.

Jeux Opla, c’est l’éditeur lyonnais qui fabrique intégralement en France, en circuit court, et qui revendique l’éco-responsabilité sans concession. On en a déjà parlé ici avec RIP, Cartzzle ou encore Kosmopolit. Bref, des boîtes pas banales, qui sentent autant le carton recyclé que l’inventivité ludique.

Dans Pollen, deux joueurs s’affrontent pour le contrôle de fleurs colorées. L’un incarne les bourdons, l’autre les osmies, et chacun va poser, déplacer ou retourner ses cartes pour dominer le terrain.
Deux manches suffisent pour décider qui butine le mieux : majorité sur les fleurs visibles, objectifs secrets à l’appui, et à la fin… le miel n’est pas pour tout le monde.

Les ficelles du butinage

À ton tour, tu disposes de deux actions : poser une carte (face visible pour la franchise, face cachée pour le bluff mais ça coûte plus cher), déplacer un insecte déjà joué, ou révéler celui de l’adversaire.
La manche s’arrête quand toutes les fleurs sont entourées. On compte alors les majorités, on coche les objectifs secrets, puis on repart pour une deuxième manche. Simple, direct, mais chaque choix devient une petite piqûre tactique.

On retient surtout que :

• Le bluff est un vrai choix stratégique, pas juste un gadget.
• La pression monte vite, parce que les majorités se renversent sans prévenir.
• Les objectifs secrets offrent toujours une surprise finale, parfois cruelle.

Du nectar dans l’édition

Pollen dégaine son carton recyclé et ses fleurs joliment peintes comme un petit duel champêtre. Mais ne te laisse pas berner par le décor : ici, ça pique. Deux actions par tour, des cartes posées face visible ou cachée, et déjà tu soupçonnes ton adversaire de tricher avec élégance.

Le bluff fonctionne bien : payer plus cher pour planquer ta carte, ça crée une tension immédiate. Quand l’autre ose la retourner et découvre une misère, ton sourire vaut tout le miel du monde. Les majorités, elles, valsent sans arrêt, au point que ta fleur préférée devient parfois terrain vague en deux coups.

Les objectifs secrets ajoutent une couche finale, parfois cruelle, quand une partie apparemment perdue bascule au dernier moment. C’est simple, efficace, et ça tient en 15 minutes chrono.

L’édition, elle, est soignée : fabrication française, éco-responsable, avec un livret pédagogique réalisé avec des experts en biodiversité. Les illustrations de David Boniffacy subliment l’ensemble, réalistes et sensibles à la fois.

Alors oui, c’est malin, tendu, et ça a du charme. Mais soyons honnêtes : ça reste assez plat. Le jeu s’arrête avant d’avoir vraiment marqué, et on le repose souvent pour un duel plus nerveux. RIP chez Opla ou l’inévitable Schotten Totten offrent plus de saveur, plus de rejouabilité, plus de piquant.

POLLEN